FRANÇOIS BROCHET

Sculpteur, peintre, graveur et humaniste français

François Brochet naît à Paris le 3 janvier 1925, dans un milieu profondément artistique. Son père, Henri Brochet, est à la fois peintre, écrivain, dramaturge et marionnettiste, ce qui permet au jeune François de grandir dans un univers où la création est omniprésente. Dès son plus jeune âge, il baigne dans les arts plastiques, la littérature, et les formes théâtrales, ce qui façonne sa sensibilité artistique et son goût pour l’expression sous toutes ses formes.

Durant son adolescence, il se forme à Auxerre, auprès de Denis Fernand Py, un artiste reconnu dans le domaine du vitrail et de la peinture religieuse. C’est là qu’il apprend les bases du dessin, de la sculpture sur bois, et de la polychromie, des compétences qui marqueront toute son œuvre. L’une des rencontres fondatrices de sa vie a lieu à Vézelay, en 1942, lorsqu’il croise le chemin du célèbre architecte Le Corbusier. Ce dernier lui confie : « Le dessin donne la vraie liberté », une phrase que Brochet ne cessera de revendiquer comme moteur de sa démarche artistique.

Après la Seconde Guerre mondiale, François Brochet est mobilisé pour la guerre d’Indochine, une période difficile mais formatrice. De retour en France en 1946, il s’engage pleinement dans sa carrière artistique. Dès 1948, il expose à Paris, et en 1955, il participe à une exposition majeure à Vézelay, aux côtés d’artistes renommés comme Bernard Buffet et Michel Ciry. Son travail commence alors à être reconnu pour sa puissance expressive et sa sincérité humaniste.


L’œuvre de Brochet est profondément ancrée dans la spiritualité et les grands thèmes de l’humanité. Il travaille le bois, le bronze, la pierre, toujours avec une grande rigueur plastique et une forte charge émotionnelle. En 1963, sa carrière est couronnée par le Prix Bourdelle, distinction prestigieuse qui récompense son talent de sculpteur. Cette reconnaissance institutionnelle lui ouvre les portes du Musée Bourdelle, où il expose dès l’année suivante. Il sera plus tard fait Chevalier des Arts et des Lettres, confirmant son rôle majeur dans la scène artistique française du XXe siècle.

Attaché à ses racines bourguignonnes, François Brochet entretient un lien fort avec la ville d’Auxerre, où il s’installe et crée de nombreuses œuvres. En 1981, il offre à la ville un ensemble de plus de cent sculptures, dont l’impressionnant Massacre des Innocents. Trois de ses sculptures monumentales ornent l’espace public d’Auxerre : le Monument à Cadet Rousselle, le Monument à Restif de la Bretonne, et le Monument à Marie Noël, érigé en 1977. Ces œuvres témoignent de son engagement à inscrire l’art dans la cité et à faire dialoguer mémoire, poésie et matière.

Son travail reste difficile à enfermer dans un seul style. Il emprunte aussi bien à l’expressionnisme qu’à l’art sacré, mêlant tradition et modernité. Brochet était aussi un graveur talentueux et un illustrateur attentif aux textes, notamment ceux de son père ou d’auteurs spirituels.

Il s’éteint à Paris le 10 août 2001, laissant derrière lui une œuvre immense, marquée par une exigence artistique rare et une profonde générosité. Il repose au cimetière Dunant d’Auxerre, où son souvenir continue de vivre à travers ses œuvres et les nombreux témoignages qu’il a laissés dans l’espace public, les musées, et les cœurs de ceux qui l’ont connu.